Ce 24 août 2016, Léo Ferré aurait eu cent ans. Un bon prétexte pour se souvenir de l’un de nos plus brillants auteurs-compositeurs du siècle dernier. Un poète dont l’œuvre riche, intense, profonde, pléthorique, reste mystérieusement si peu reprise par les jeunes générations.
Que reste-t-il de Léo Ferré depuis sa disparition le 14 juillet 1993, cette morne saison où il s’en est allé reposer tout près de ses parents dans le caveau familial du cimetière de Monaco ? Un portrait, celui d’un chanteur contestataire au physique de savant inspiré avec ses traits fins et austères, sa crinière blanche et son regard implacable. Et une œuvre abondante que les nostalgiques savourent toujours, et que des plus jeunes apprennent à aimer.
Léo Ferré s’est rendu populaire dans les années 1950 et 1960 avec Paris canaille, Jolie Môme, Monsieur William, la Vie d’artiste, les Anarchistes, Avec le temps, C’est extra, etc., cette longue suite de chansons inoubliables. Mais ces titres emblématiques ont jusque-là occulté une autre part importante de l’œuvre : on ignore tout des compositions réalisées dans sa retraite en Toscane au cours de ses dernières années.
Cette période s’amorce autour de 1970 lorsque Léo Ferré se sépare de Madeleine, sa deuxième épouse, pour vivre au grand jour une histoire d’amour naissante avec Marie-Christine Diaz Alfonso, une gracieuse Espagnole d’une trentaine d’années sa cadette, rencontrée à Gourdon dans le Lot. Léo en est fou, on le perçoit dans ces chansons qui lui sont dédiées comme Christie, On n’est pas sérieux quand on a 17 ans, Lorsque tu me liras ou Je te donne, qui s’achève par ces vers éloquents :
« Ces silences perdus au bout d’une parole/Et ces ailes cassées chaque fois qu’on s’envole/Ce temps qui ne tient plus qu’à/Trois ? deux ? un ? zéro ! Je te donne tout ça, Marie ».
Rapidement, Léo et sa jeune maîtresse décident de quitter la France pour l’Italie. Ils louent d’abord une maison aux alentours de Florence avant d’acquérir une vaste demeure en Toscane, en pleine campagne, à vingt kilomètres de Sienne et à quelques minutes du premier village, Castellina in Chianti. Le couple habite désormais au cœur de ce lieu de silence et de quiétude qui, haut perché au sommet de la « colline aux mûriers », surplombe des hectares de vignobles et des oliviers par centaines. Ici le raisin donne des vins rouges et blancs, du chianti classico, que les Ferré cultiveront plus tard.
Des heures à relire Aragon
Le 29 mai 1970, un premier enfant prénommé Mathieu naît de cette union encore adultérine. Léo ne cache ni son émotion ni sa fierté d’être enfin père. « Mon fils est plus beau que la Neuvième Symphonie ! », clame-t-il. Une fois libéré de Madeleine, un an presque jour pour jour après que leur divorce a été prononcé, Léo épouse Marie-Christine, le 5 mars 1974.
[...]
Au soleil d’Italie, ces années toscanes se déroulent pianissimo. Tôt le matin, Léo accompagne ses enfants jusqu’aux portes de la petite école. Le jour, il fume des Celtiques tout en travaillant au piano, dans son imprimerie ou enfermé à l’ombre de son étroit bureau installé dans la partie basse de la maison. Là, il passe des heures à relire Ronsard et Aragon, qui l’inspirent toujours.
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Revoir ici quelques-unes des plus belles interprétations de Léo Ferré
Les anarchistes
Ni Dieu ni maître
La mémoire et la mer
Les étrangers
L’oppression
La mélancolie
La solitude
L’affiche rouge
Le pont Mirabeau
Avec le temps
Léo Ferré – La mémoire des étoiles (Documentaire TV5 - 2013)
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